C’est le grand débat des féministes ! Faut-il continuer à produire et à regarder de la pornographie, modifier nos modes de consommation ou débarrasser totalement le net de ces contenus ? Et nous ? Sommes nous pour ou contre le porno ? Pas si simple de trancher… Ce qui est sûr, c’est qu’au vu des milliards de bénéfices engendrés par les films X, ces derniers ne sont pas près de disparaître !
L’évolution de la pornographie au fil des siècles
La pornographie vient du grec “pornê”, signifiant “prostitué”. À l’origine, ce terme, datant du XVIIIe siècle, désigne les études concernant la prostitution. Peu à peu, il est employé pour parler des œuvres d’art à caractère érotique.
Au cours du XIX, l’humanité apprend à capturer des images grâce à l’invention de la photographie et du cinéma. La pornographie prend alors un nouveau tournant en représentant des sujets réels. Le premier film érotique, Le couché de la mariée, est tourné à Paris en 1896. Il met en scène une femme de dévêtant devant son mari.
Ce n’est qu’à partir des années 60 que la pornographie commence à se démocratiser dans nos sociétés. À cette époque, les hommes s’arrachent des cassettes X dans les vidéoclubs. Dans les années 70, des cinémas spécialisés dans les films hard et des peep-shows en direct ouvrent leurs portes en plein Pigalle.
Durant l’avènement d’Internet dans les années 2000, la pornographie, accessible à tous en quelques clics, se transforme en une véritable industrie.
Les différents types de pornographies
Avant de décider s’il faut être pour ou contre la pornographie, penchons-nous sur les différents genres de contenus produits.
La pornographie représente des scènes obscènes détaillées, sans préoccupations artistiques, destinées à être communiquées au public afin de provoquer l’excitation. Il peut s’agir de films, de photographies, de spectacles, de textes littéraires, de dessins ou encore de peintures. On trouve également de la pornographie audio, qui stimule considérablement l’imaginaire. Ce procédé, s’appuyant davantage sur la suggestion, est plutôt considéré comme de l’érotisme.
Dans le porno vidéo, il existe d’un côté la pornographie professionnelle, tournée par des réalisateurs et financée par des équipes de production, et de l’autre côté, la pornographie amateure avec des vidéos home made.
La pornographie se déploie ensuite en de multiples sous-catégories : voyeurisme, échangisme, porno féministe, artistique, etc.
Pourquoi regarde-t-on du porno ?
Beaucoup de personnes visionnent ce type de contenu, à des fréquences diverses et pour des raisons qui varient. Certains se servent du porno pour augmenter l’excitation pendant la masturbation, d’autres pour pimenter leur vie sexuelle de couple ou explorer leurs fantasmes. En outre, la pornographie permet de découvrir de nouvelles pratiques et positions sexuelles. En effet, on y voit les protagonistes s’adonner à toutes sortes de plaisirs (fellation, cunnilingus, sodomie…), sans aucune limite.
L’humiliation et l’exagération sont souvent au cœur des vidéos X. C’est pour cela que ces dernières ne doivent pas être considérées comme un apprentissage de la sexualité. Le plaisir ne s’apprend pas en regardant une actrice porno faire une gorge profonde.
Les principaux travers de la pornographie
L’érotisation de la violence
C’est probablement l’un des plus gros problèmes du porno aujourd’hui dans une société qui prétend à l’égalité entre les sexes. Certaines pratiques BDSM mettent en scène des scénarios violents à base de punitions, d’humiliations et d’insultes sexuelles. On trouve même des vidéos dans lesquelles l’actrice simule la contrainte. Érotiser publiquement le viol au nom d’un fantasme, est-ce réellement acceptable ? Pas si sûr… Surtout quand l’on sait que de très jeunes gens visionnent ces films.
La fétichisation
En faisant un tour sur Porn Hub ou Youporn, en quête d’inspiration érotique, on peut satisfaire tous ses fantasmes en sélectionnant une catégorie parmi les nombreuses qui s’affichent sur notre écran : threesome, orgy, romantic… Si ces catégories ne sont pas particulièrement problématiques, d’autres le sont davantage. C’est le cas des rubriques telles que teen, mature, big tits, lesbian, trans, ebony ou asian… Ces critères incitent à la fétichisation raciale ainsi qu’à la fétichisation du corps des femmes, de leur orientation sexuelle et de leur âge. On tombe également sur beaucoup de paraphilies sur le net…
Les scènes avec des mineurs
Il arrive que la pornographie flirte avec la pédopornographie, et c’est très grave ! Sont responsables de ces contenus abjects ceux qui y participent, mais également ceux qui les filment, les diffusent et les regardent. Par ailleurs, bien que le porno “teen” montre des jeunes femmes majeures interprétant des adolescentes, les consommateurs ne sont pas à l’abri de tomber sur des filles mineures (16, 17 ans), sans le savoir.
Le revenge porn
Le revenge porn est un délit de plus en plus répandu qui consiste à diffuser sur Internet des photos ou des vidéos intimes (sextape, nudes…) d’une personne, sans avoir obtenu son accord au préalable. L’objectif est d’humilier le sujet présent sur les images, parfois en le faisant chanter.
Les conditions de tournage
Nous le savons, les conditions de tournage d’un film porno ne sont pas toujours les plus respectables qui soient. Certaines actrices dénoncent des pratiques imposées par la contrainte ou la surprise. Pénalement, cela s’apparente à du viol. Malheureusement, impossible de connaître la réalité qui se cache derrière ce que nous consommons sur nos écrans…
La pornographie, un plasir non sans danger pour les consommateurs…
L’accès aux sites porno par des mineurs
Qui ne s’est jamais rendu sur Youporn à 16 ou 17 ans, cochant la case “Je certifie avoir plus de 18 ans ?” Si les mineurs parviennent à acheter de l’alcool, ce n’est pas ce message insignifiant qui les empêchera d’accéder à leur requête. Seul un contrôle renforcé des sites avec l’obligation d’envoyer ses papiers d’identité permettrait de protéger les plus jeunes.
L’addiction à la pornographie
Les sites X, à travers leur contenu infini et sans limites, alimentent la dépendance à la sexualité virtuelle. Un rapport addictif à la pornographie se traduit par une consommation excessive de vidéos hards. Cela a des répercussions importantes dans la vie personnelle et sexuelle de celui qui en souffre. L’addict au porno s’isole pour satisfaire ses besoins, et, ne parvenant pas à se sentir rassasié, visionne des vidéos toujours plus extrêmes. Il ne vit plus qu’à travers ses fantasmes et a souvent des difficultés à éprouver de l’excitation avec un partenaire, dans le cadre d’une relation normale.
Une perception déformée de la sexualité
Youporn et Pornhub sont le royaume de l’exagération sexuelle ! Dans les films X professionnels, on peut voir de grands pénis qui bandent à tous les coups et des corps de femmes sveltes avec des poitrines et des fesses gonflées au silicone. L’orgasme est systématique, les performances optimales. Tout le monde prend son pied dans une orgie de bonheur, parfois sans aucun préliminaire digne de ce nom. Personne n’est jamais fatigué, il n’y a pas de ratés, d’imprévus, d’absence de désir, de problèmes de lubrification ou de pannes. La pornographie est une théâtralisation des fantasmes et des rapports sexuels, mais en aucun cas une représentation fidèle de la réalité.
Résultat, le porno peut provoquer des complexes et un mal-être chez les jeunes. En plus de cela, le consentement est rarement pris en compte dans les films, faisant croire aux hommes qu’ils peuvent obtenir tout ce qu’ils souhaitent sans se préoccuper de l’autre.
Comment bien regarder du porno ?
Afin de regarder du porno sans se griller le cerveau, il faut prendre quelques précautions ! Le mot d’ordre ? La modération ! Il est primordial d’avoir la maturité nécessaire pour faire la distinction entre la fiction et la réalité. Si ces scènes excitantes peuvent vous inspirer des idées de jeux coquins, vous ne devez pas chercher à tout prix à reproduire ce que vous voyez sur votre ordinateur. Enfin, le mieux est de visionner des vidéos porno produites par des productions éthiques !
L’émergence du porno éthique
Le porno est une industrie beaucoup trop lucrative pour être amenée à disparaître de si tôt. C’est pourquoi le porno éthique, aussi appelé porno féministe, propose de modifier les codes du porno mainstream. Plus humains et plus réalistes, ses scénarios mettent en avant la diversité des expériences et des corps. Ils accordent également une place importante au consentement et au plaisir, notamment au plaisir féminin. Les producteurs assurent une rémunération équitable des travailleurs et s’engagent à respecter les limites des interprètes ainsi que les conditions de travail.
Pour résumer : le porno, plutôt pour, mais dans certaines conditions ! Et vous, plutôt pour ou plutôt contre le porno ?