Dans le langage courant, demander à son ou sa partenaire si iel a joui ou non renvoie quasiment toujours à vérifier si iel a eu un orgasme. Sauf que cela a créé une confusion entre les termes de « jouissance » et d’« orgasme » qui sont bel et bien différents, même s’ils ont de nombreuses composantes en commun. Il est donc possible de jouir avec ou sans orgasme et d’avoir un orgasme avec ou sans plaisir. Revenons aux bases de l’orgasme et de la jouissance et vérifions ce qui se passe dans le corps.
L’orgasme : qu’est-ce que c’est ?
Paroxysme de l’excitation, point culminant du plaisir sexuel, l’orgasme est le moment où se déverse dans le corps un certain état d’extase, souvent accompagné par une sensation de bien-être extrême et de bonheur.
Comment ces sensations sont-elles produites par le corps ? L’orgasme se caractérise, contrairement à la jouissance, par une réaction physiologique. A titre d’exemples, l’éjaculation ou l’orgasme prostatique chez l’homme et l’orgasme clitoridien ou mammaire chez la femme.
Au moment de l’orgasme, d’autres réactions physiologiques sont également à l’oeuvre : une accélération de la fréquence cardiaque et de la fréquence respiratoire, une certaine tension musculaire, une sensibilité exacerbée de la peau, ou encore une contraction rythmée et incontrôlable de la ceinture périnéale. En d’autres termes, des muscles du vagin, de l’utérus, de l’anus et du pelvis chez la femme et du sphincter anal, de la prostate et des muscles du pénis chez l’homme.
Dans un article pour Marie Claire, intitulé « Ce qu’il se passe dans notre corps quand on a un orgasme », la co-fondatrice de la plateforme Climax.How (dont le but est d’oeuvrer à déconstruire les tabous et les croyances autour du plaisir féminin), Laurène Dorléac explique que, pour la femme, « l’orgasme se traduit par une succession de réflexes incontrôlés comme des contractions répétitives du plancher pelvien (toutes les 0,1 seconde) et des spasmes au niveau de l’utérus ».
C’est donc un joyeux cocktail d’hormones du plaisir – dopamine ou « hormone du bonheur », ocytocine ou « hormone de l’amour » et prolactine – qui sont libérées au moment de l’orgasme et qui produisent une sensation de bien-être que l’on pourrait d’ailleurs comparer aux effets de certaines drogues, les impacts négatifs en moins.
Mais alors, qu’est-ce que la jouissance ?
La jouissance est en fait un concept bien plus large qui renvoie au plaisir et au bien-être ressenti lors d’un rapport sexuel entier, c’est-à-dire pas exclusivement au moment de l’orgasme. En d’autres termes, il n’y a pas besoin d’éjaculer ou d’avoir un orgasme clitoridien pour jouir.
L’intensité de la jouissance est moins forte que celle ressentie lors de l’orgasme. Néanmoins, elle dure plus longtemps. En effet, si un orgasme ne dure que quelques secondes, entre 2 et 20 secondes en moyenne, l’état de jouissance peut durer des heures.
La jouissance ne s’accompagne pas de réactions physiologiques. Enfin, quand même un peu. Le spécialiste en gynécologie, andrologie et médecine sexuelle, Sylvain Mimoun, indique que, même dans l’état de jouissance, il y a une poussée d’endorphine.
Il explique pour la rédaction de Allô Docteurs : « Normalement, c’est la même chose sauf que cela ne se passe pas au même endroit du corps. On pourrait dire que l’orgasme est une contradiction locale au niveau des organes génitaux et la jouissance est une poussée de morphine naturelle que le cerveau sécrète au moment de la jouissance ».
Mais alors, qu’est-ce qui peut provoquer la jouissance ? Pour les femmes, cela peut être l’introduction de doigts ou du pénis dans le vagin. D’ailleurs, beaucoup témoignent que la simple présence du pénis dans leur vagin leur procure de la jouissance. Elles parlent aussi d’émotion, de ravissement, d’euphorie, voire d’apaisement, à l’idée d’avoir la partie la plus intime de leur partenaire en elles qui est vue comme symbole de partage et de communion avec l’être désiré.
Plus largement, les femmes, comme les hommes, peuvent jouir à l’aide de caresses, de baisers, ou encore de mots doux. Il suffit d’être en alerte sur ses sensations, qu’elles soient tactiles, olfactives, visuelles, ou encore gustatives…
Jouissance, orgasme et plaisir sont-ils toujours liés ?
Est-il possible de jouir sans avoir d’orgasme ?
La réponse est évidente et unanime : c’est un grand oui ! Il est tout à fait possible de ressentir du plaisir pendant tout le long d’un rapport sexuel sans pour autant avoir un orgasme. La sensation de la jouissance peut d’ailleurs s’apparenter à de micro-orgasmes, comme si jouir venait par vagues de plaisir. Souvent, l’orgasme nécessite une excitation sexuelle intenable et un lâcher prise parfois difficile à atteindre. Mais, fort heureusement, il est évident que l’on peut prendre son pied au lit sans avoir d’orgasme.
Et ce n’est pas grave si vous n’avez pas d’orgasme à chaque rapport sexuel ! Il faut en effet en finir avec cette idée qu’un rapport sexuel doit à tout prix se conclure par un orgasme pour être réussi. Ejaculer ou avoir un orgasme clitoridien ne sont pas des fins en soi (même si c’est plutôt cool).
Le champ des possibles est très large quand il s’agit de pratiques sexuelles, de jouissance et de plaisir. Prendre énormément de plaisir avec son/sa partenaire en le/la léchant pendant une heure est par exemple tout aussi satisfaisant, voire plus, qu’un orgasme vite fait, bien fait, pour la forme. Un dernier conseil : pour jouir, variez les plaisirs.
Est-il possible d’avoir un orgasme sans plaisir ?
Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’orgasme n’est pas toujours synonyme d’extase. Il est en effet possible d’avoir un orgasme sans pour autant ressentir de plaisir. Comment est-ce possible ? L’orgasme est en fait un phénomène neuro-physio-psychologique complexe qui contient deux dimensions.
D’une part, la dimension physiologique correspondant au moment où le rythme cardiaque s’accélère, où la transpiration s’intensifie… jusqu’à aboutir à ces fameuses contractions rythmiques et involontaires des muscles du plancher pelvien qui marquent la libération des tensions sexuelles. Tout un programme. Et d’autre part, la dimension psychologique qui renvoie plus à notre perception singulière du plaisir et de son intensité.
Ces quelques considérations permettre de comprendre que l’orgasme n’est parfois qu’un moyen pour évacuer les tensions sexuelles accumulées et que cette libération peut être totalement dépourvue de charges émotionnelles, et donc de plaisir. D’autant plus que les parties du cerveau gérant ces deux dimensions sont indépendantes, ce qui peut expliquer la non-corrélation systématique d’orgasme et de plaisir.
On peut notamment vivre ce type d’expériences avec l’utilisation d’un sextoy qui va venir stimuler une partie de notre corps et décharger automatiquement les tensions sexuelles induites par la stimulation mécanique. La réponse sexuelle et l’orgasme se produisent sans pour autant qu’il y ait une grande jouissance et un plaisir intense.
Et parfois, c’est aussi simplement une question de contexte et de situation. L’orgasme peut arriver trop rapidement, à un moment où on ne l’attend pas si on relâche trop vite. C’est pourquoi, il peut s’accompagner d’une variété de ressentis allant d’inexistants à intensément jouissifs. Preuve que nos expériences sexuelles sont toutes uniques.