Les relations sexuelles sont comparables à un immense shoot d’hormones propice au bien-être. Mais que se passe-t-il lorsque nous devenons dépendants à ces sensations fortes ? La sexualité peut-elle être considérée comme une drogue au même titre que le tabac, l’alcool ou la cocaïne ? Paris Derrière fait le point sur l’addiction au sexe et vous livre les moyens d’en sortir.
Distinguer l’hypersexualité de l’addiction sexuelle
Quand nous avons un orgasme, notre corps libère une grande quantité d’hormones dans notre organisme. L’endorphine diminue le stress, apaise la douleur et favorise l’endormissement ; la prolactine procure une grande sensation de plaisir ; l’ocytocine renforce la complicité et l’attachement ; et la dopamine agit comme une récompense.
Peut-on devenir un toxico du sexe ? Non, rassurez-vous, ces hormones sont sans danger : la dépendance sexuelle est avant tout une addiction comportementale. Ce trouble sexuel possède des caractéristiques communes avec l’hypersexualité. Néanmoins, il demeure fondamental de distinguer ces deux notions.
L’hypersexualité – ou hyper-libido – se traduit par un gros appétit sexuel et des envies intenses et fréquentes d’avoir des relations intimes ou de se masturber. Toutefois, si ces désirs supérieurs à “la normale” peuvent être maîtrisés facilement, l’hypersexualité n’est pas problématique.
Contrairement à l’hypersexualité, l’addiction sexuelle induit un rapport pathologique au sexe lié à un manque de confiance et/ou à des angoisses. La personne vit sa sexualité à travers le prisme d’une pulsion difficilement contrôlable. Chez les hommes, on parle de “satyriasis” et chez les femmes de “nymphomanie” – bien que ce terme fasse débat auprès de la communauté des psychologues, car il est généralement employé à tort pour psychiatriser les femmes libérées ne présentant aucune pathologie sexuelle.
L’addiction sexuelle implique donc une hypersexualité, mais l’hypersexualité n’est pas obligatoirement synonyme d’addiction sexuelle.
5 signes qui doivent alerter
Les pensées obsessionnelles liées au sexe
Le sex addict a tendance à interpréter chaque situation de la vie quotidienne sous un angle érotique, même lorsque cela ne s’y prête absolument pas. Ses pulsions peuvent se manifester pendant une réunion de travail, au cours d’un dîner entre amis, devant un film, etc. Cette obsession hante constamment son esprit.
La quête incessante de stimulation sexuelle
La sexualité est vécue comme un besoin vital, tout comme le besoin de se nourrir, de boire et de dormir.
Un dépendant au sexe est guidé par une envie irrépressible d’assouvir ses désirs par la masturbation ou les rapports sexuels. Pour cela, il peut avoir recours à divers procédés tels que :
- Le cyber sex (chats coquins, sites pornographiques…)
- Les applications de rencontre
- Les prostitué·e·s
- Les clubs libertins
La masturbation compulsive
Dans les principaux symptômes de l’addiction au sexe, on trouve la masturbation compulsive. Le sujet est capable de se masturber 5 à 15 fois par jour, chez lui ou dans des lieux inappropriés (au travail, dans un lieu public, au cinéma, etc) afin d’évacuer ses pulsions envahissantes, et non par plaisir. Cette habitude entraîne souvent des blessures génitales (brûlures, douleurs…).
Les pratiques sexuelles sans limites et dangereuses
Un accro au sexe est prêt à tout pour se délester de ses désirs obsessionnels, même à prendre des risques en multipliant les relations avec des inconnus, parfois sans se protéger. Quand la dépendance sexuelle est accompagnée d’une addiction à la pornographie, on constate une escalade des fantasmes avec un visionnage de contenus toujours plus extrêmes. Certains sex addicts développent des paraphilies : des comportements sexuels portant sur des objets inanimés, des personnes non consentantes (exhibitionnisme, voyeurisme) ou en lien avec la souffrance et l’humiliation.
L’isolement social
L’addiction au sexe impacte considérablement la vie sociale des individus concernés. Il n’est pas rare que ces derniers se cachent pour satisfaire leurs pulsions sexuelles régulières, faisant passer progressivement les interactions humaines au second plan. La crainte du jugement et le tabou autour de ce trouble ont pour effet d’aggraver cet isolement.
Les causes de l’addiction sexuelle
L’addiction sexuelle découle d’un mal-être existentiel qui peut prendre sa source dans plusieurs facteurs :
- Un climat familial hostile ou maltraitant
- Un abandon de l’enfant et/ou un manque d’affection et/ou d’attention
- Une agression sexuelle ou un viol
- La solitude
- Une exposition précoce à la pornographie
- La facilité d’accès à la pornographie sur Internet et la violence des images regardées
- La consommation de drogues
Dans certains cas, la désinhibition sexuelle et l’hypersexualité sont associées à la consommation de drogues psychoactives. Les personnes qui mélangent le sexe et les stupéfiants dans le but d’amplifier la jouissance s’adonnent à ce qu’on appelle le chemsex. Cette pratique, pouvant mener à une dépendance aux produits illicites, n’est pas sans danger. Généralement, quand l’individu cesse d’absorber ces substances, l’hypersexualité s’estompe. En revanche, la cocaïne peut conduire à une véritable addiction au sexe qui persiste toujours après un sevrage de la drogue.
Que se passe-t-il dans la tête d’une personne accro au sexe ?
Le sex addict n’est pas un pervers, car il ne tire aucun plaisir de ses comportements. Le sexe rythme et contrôle son quotidien et ses pensées en permanence, ce qui provoque une grande détresse psychologique. Cette sexualité compulsive lui sert d’échappatoire ou de réconfort éphémère, mais une fois la pulsion assouvie, la déprime prend le dessus. Il éprouve alors un sentiment de honte, de culpabilité et un dégoût envers lui-même. Par ailleurs, il vit dans la peur que son secret soit découvert.
Les conséquences de l’addiction au sexe au quotidien
Les envies obsessionnelles d’un individu dépendant viennent envahir son existence du matin au soir. Il est notamment possible qu’elles perturbent son humeur (irritabilité, colère) et son sommeil. Elles risquent aussi d’altérer sa concentration, ses performances et sa productivité au travail. Sur le plan personnel, un sex addict a du mal à évoluer dans une relation de couple. S’il partage sa vie avec un quelqu’un, il est probable que les disputes et l’incompréhension soient courantes en raison de son addiction à la pornographie et/ou de ses infidélités répétées. Ce type d’agissements est de nature compulsive et non romantique : il ne remet pas en question l’amour qu’il porte à son conjoint. Cependant, le partenaire se sent souvent fatigué et impuissant face à ce besoin intarissable de sexe qu’il n’est pas en mesure de combler.
Est-il possible de soigner l’addiction au sexe ?
Beaucoup d’addicts vivent dans le déni de leur pathologie. Pourtant, la première étape de la guérison est celle de l’acceptation !
Actuellement, aucun traitement médicamenteux n’existe pour guérir l’addiction au sexe. Il convient de se tourner vers un psychothérapeute ou un sexothérapeute qui envisagera une stratégie de soins adaptée, principalement basée sur la parole. Elle sera orientée vers la maîtrise de la pulsion sexuelle, l’identification de son origine et sur les répercussions négatives de la pratique addictive. Le praticien pourra proposer au patient une thérapie individuelle ou dans un groupe de parole.
En cas d’addiction sexuelle associée à d’autres dépendances (alcool, cannabis, cocaïne, jeu), il sera nécessaire de prendre en compte le problème dans sa globalité. Si le sujet traverse également une dépression, des antidépresseurs pourront être prescrits.
Un sex addict doit-il envisager l’abstinence ?
Les mécanismes de la dépendance diffèrent selon le type d’addiction. Le toxicomane et l’alcoolique sont accros à une substance tandis que le sex addict souffre d’une addiction comportementale. Les deux premiers voient leur dépendance physique disparaître durant un sevrage et refaire surface lorsqu’ils rechutent. Chez le troisième, ce n’est pas l’objet de son addiction (le sexe) qui est nocif, mais uniquement le rapport obsessionnel et compulsif qu’il entretient avec lui. Ses habitudes sexuelles ne sont que les symptômes d’un mal-être plus profond.
Puisque la sexualité est une pratique naturelle, l’abstinence n’est pas considérée comme une solution. Du moins, pas sur le long terme. L’objectif de la thérapie sera de retrouver une vie sexuelle normale et épanouissante. Contrairement à la drogue et à l’alcool, le sexe peut se consommer sans modération s’il n’est pas régit par des pulsions !