Le sexe vanille est souvent victime d’un jugement de valeur. Considéré comme du sexe banal, il ne serait pas souhaitable, contrairement aux pratiques plus bestiales et BDSM. Pourtant, ce sexe doux est bien loin d’être synonyme d’ennui et pourrait bien même être un moyen de redécouvrir le sexe, en alchimie avec votre partenaire, et de booster votre plaisir sexuel. Et si vous pimentiez votre vie sexuelle d’un peu de vanille ?
Le sexe vanille, qu’est-ce que c’est ?
Dans un article pour Cosmopolitan (« Le sexe vanille est-il forcément synonyme d’ennui au lit ? »), la sexothérapeute Valentina Bracciale indique que le sexe vanille fait référence à « quelque chose de neutre et d’un peu banal qui fédère tout le monde ».
L’expression remonte aux années 1950. La vanille était alors tellement utilisée et populaire en cuisine qu’elle est devenue un parfum classique, voire banal. La glace à la vanille est particulièrement concernée et devient le parfum le plus basique. C’est de ce constat qu’est d’abord née l’habitude de désigner les gens ennuyeux par le terme « vanille ».
Le terme est ensuite apparu dans les communautés gays et BDSM dans les années 1970 qui utilisaient l’expression « vanilla sex » pour se différencier des autres, ceux qui ont une sexualité conventionnelle. L’expression se popularise alors pour qualifier les activités sexuelles qui se distinguent du sadomasochisme et de l’éventail « queer » (orientation ou identité sexuelle qui ne correspond pas aux modèles dominants).
Le sexe vanille renvoie donc à une sexualité conventionnelle, traditionnelle, qui épouse des pratiques sexuelles dites « standards ». Il s’agit d’une sexualité qui n’inclut pas d’activités fétichistes, de kinks, ou encore de déviances.
Il est effectivement construit en opposition au BDSM (bondage, discipline, domination, soumission, sadomasochisme), mais aussi au sexe bestial et brutal. Cela étant dit, il n’est pas impossible d’alterner sexe vanille et d’autres pratiques.
Et concrètement ? Les adeptes du vanilla sex font l’amour dans des positions relativement classiques, souvent en missionnaire et en cuillère, et n’utilisent pas de gadgets ou d’accessoires (menottes, sextoys, costumes, vidéos pornographiques…). C’est aussi une sexualité qui se pratique en duo.
Le sexe vanille se concentre sur les sensations ressenties tout au long du rapport sexuel et non sur l’idée de performance sexuelle, comme ce qui peut être montré dans les scénarios pornographiques par exemple.
Pourquoi le sexe vanille a-t-il une mauvaise image ?
Tout d’abord, parce qu’il renvoie à la banalité. Comme nous l’a appris Valentina Bracciale, l’expression a une connotation largement négative. Le banal est insignifiant, pauvre, plat et s’oppose à la nouveauté et à l’originalité. Or, ce n’est pas parce qu’une pratique sexuelle est conventionnelle qu’elle est banale.
Toutefois, on comprend davantage cette vision si l’on prend en compte le fait que le sexe est touché par des injonctions sociétales. La banalité est mal vue dans une société qui impose la variété, la découverte en tout genre, l’exploration ou encore l’expérimentation. Ces injonctions impactent le couple en faisant de la routine (et du sexe vanille) quelque chose de non souhaitable.
Dans l’inconscient collectif, le couple doit désormais avoir des ébats mouvements et osés pour être épanoui. Le film Cinquante Nuances de Grey, sorti en 2015, est passé par là…
L’industrie pornographique a aussi une grande part de responsabilité dans la mauvaise image du sexe vanille. En effet, elle a largement popularisé les relations sexuelles sauvages, bestiales, voire violentes. Elle met en scène du sexe spectaculaire et non une sexualité ordinaire et romantique. En d’autres termes, dans la pornographie, on se crache dessus plus qu’on se regarde dans les yeux.
Sauf que le sexe devient associé à ce genre de pratiques, d’autant plus chez la jeune génération, très touchée par la pornographie, qui essaie de reproduire des positions, loin d’être d’ailleurs toujours réalistes. Tous ces constats font que l’on a tendance aujourd’hui à rechercher une sexualité plus osée et moins conventionnelle. Et donc à dire « non merci » au sexe vanille.
Les avantages du sexe vanille
Pourtant, qu’on se le dise une bonne fois pour toute, le vanilla sex est très loin d’être synonyme d’ennui au lit. Bien au contraire ! Ses avantages n’ont pas fini de vous convaincre. Et si vous en êtes déjà adeptes, vous verrez que vous n’avez pas à culpabiliser d’aimer les classiques !
Le sexe vanille, c’est avant tout des rapports sexuels dans lesquels on est à l’aise. Nul besoin par exemple de se mettre dans des positions inconfortables, douloureuses ou à la limite de votre souplesse, pour prendre du plaisir au lit. Si sortir de l’ordinaire renvoie à se tordre le corps sans plaisir, alors cela n’en vaut peut-être pas la peine. Inversement, rien ne vaut un bon missionnaire ou une tendre cuillère pour prendre votre pied.
Dans ce contexte, le vanilla sex est probablement celui qui favorise le plus la création d’un lien fort entre les deux partenaires dans la mesure où les positions et pratiques privilégiées favorisent la proximité et la possibilité de se regarder dans les yeux.
La position de la cuillère est idéale pour ressentir le souffle de son partenaire dans le cou tandis que le missionnaire l’est pour se regarder dans les yeux et ressentir les émotions de l’autre. C’est ainsi que le sexe vanille crée du lien ou renforce celui existant, favorise l’alchimie et apporte du romantisme à une relation sexuelle. Tous les ingrédients essentiels à l’épanouissement sexuel finalement.
Troisièmement, le sexe vanille rassure et réconforte. Les préliminaires sont omniprésents et langoureux. L’idée est de ressentir et de ralentir. Pas d’urgence à la pénétration, qui sera faite (ou non) tout en douceur au moment venu. On booste son désir sexuel et on prend du plaisir en communiquant, en prenant son temps et en mettant en confiance son ou sa partenaire.
Sexe vanille et « slow sexe » : est-ce la même chose ?
Pas tout à fait, mais presque. Étant donné que le sexe vanille est propice à la douceur, il laisse aussi plus de place au « slow sexe », pratique qui allie une sexualité en pleine conscience et certaines formes de méditation, proches du tantrisme, fondées sur la lenteur.
Mais, le slow sexe est davantage une expérience qui englobe un ensemble d’actes « rituels » impliquant le corps, la parole et l’esprit. C’est une expérience sensuelle et sensorielle, un véritable éloge de la lenteur.
Quant à la pratique, elle se concentre sur des caresses, des massages, de la communication, de l’écoute et de l’attention. Pendant toute la durée de l’acte, les partenaires se concentrent sur les sensations ressenties à chaque instant. L’objectif n’est pas l’orgasme à tout prix mais le voyage pour l’atteindre.
Proche du tantrisme, le slow sexe permet aux partenaires de retrouver du désir, d’explorer leurs sensations, de faire l’amour plus en conscience et connectés, et de briser la routine. Preuve que ralentir peut booster le désir et le plaisir. Patience patience…