Vina Albertini : “Le BDSM m’a appris le consentement”

Perruquière-maquilleuse dans le milieu du spectacle et “petite gothique switch à plateformes” comme elle aime se définir elle-même sur ses réseaux sociaux, Vina Albertini, aka “Vinaccessible” sur Instagram, est à la fois dominatrice et soumise. C’est lors de la dernière édition de la Paris Fetish Week que nous l’avons rencontrée pour la première fois et elle affirmait déjà toute l’importance d’une éducation au BDSM.

Lou : Tu es switch donc à la fois dominatrice et soumise. As-tu une préférence ?

Vina : J’ai effectivement les deux rôles dans le milieu BDSM, même si aujourd’hui, je me développe plus en tant que dominatrice. Mais, je suis aussi connue, sur les réseaux sociaux, pour être la soumise de Maîtresse Roxy.

J’ai l’impression que dans ta manière de te définir, la composante “gothique à plateformes” a aussi son importance, n’est-ce-pas ?

Complètement. Gothique reste mon style vestimentaire depuis très longtemps. C’est d’ailleurs souvent comme ça que les gens me définissent en premier quand ils me voient. Et je mets toujours des chaussures à plateforme pour être plus grande. Je pars du principe qu’on doit s’élever dans tous les domaines de sa vie donc c’est histoire de prendre cette phrase vraiment au pied de la lettre !

A quel moment as-tu découvert ton attrait pour le BDSM ?

Très jeune. Ça a toujours été présent en moi. Petite, j’étais déjà fascinée par les femmes habillées en cuir dans les films ! Et à l’adolescence, j’ai fait énormément de recherches sur le BDSM, sur des forums ou des blogs. J’ai vraiment commencé par la théorie avant de pratiquer.

Vina Albertini et Matteo.
La maîtresse et son soumis et amant Matteo.
Et dans ta construction sexuelle, as-tu commencé par du sexe vanille ou du BDSM ?

Mon parcours sexuel est un peu chaotique. J’ai grandi dans une famille dans laquelle le sexe était tabou, y compris la contraception et le consentement, qui est évidemment une notion hyper importante quel que soit le type de sexe pratiqué. Donc j’ai vécu du sexe vanille mais problématique. Et je me suis très vite tournée vers du BDSM mais sans savoir au départ que c’était du BDSM. J’ai fait des rencontres et eu des expériences dans le BDSM qui m’ont appris la notion de consentement, les relations saines, la communication, ou encore le fait de poser ses limites.

Aujourd’hui, tu es en couple avec Matteo, qui a un profil “brat” dans le BDSM. Est-ce que tu peux m’expliquer ce que c’est que ce profil ?

Le brat, c’est une personne soumise qui va s’amuser à répondre à son partenaire dominant, de manière impertinente. C’est quelqu’un qui prend du plaisir à défier l’autorité ou les règles établies.

Etait-ce ce que tu recherchais comme profil-partenaire de jeu ?

 

Pas du tout ! Mais déjà, il faut savoir que Matteo n’était pas du tout initié au BDSM quand on s’est rencontrés. Il était complètement étranger à ce milieu-là. Nos premiers dates étaient complètement vanille et on s’est d’abord mis ensemble dans un couple vanille. Mais, comme le BDSM est un aspect très important pour moi, il s’y est intéressé et je suis devenue, plus ou moins, sa mentor. On a creusé un peu ses envies, même si moi j’ai compris très tôt, dans notre relation, qu’il avait un profil brat. Même dans la vie de tous les jours, c’est quelqu’un qui aime faire bondir les autres. Maintenant qu’il a compris qu’il y avait un mot pour qualifier ce comportement-là, j’ai l’impression qu’il en joue beaucoup ! C’est un vrai challenge pour moi car je ne suis pas du tout brat tamer à l’origine donc ce n’était pas le profil que je recherchais. C’est un peu le challenge de ma vie au quotidien !

Vina Albertini et Matteo.
Il n’a qu’à bien se tenir…
Faites-vous encore du sexe vanille ?

Parfois mais ça reste très rare. Le sexe vanille à 100%, ce ne serait pas possible pour moi. Il y a forcément une phrase, un geste, un regard, un jeu de rôle qui nous fera nous éloigner du sexe vanille. Pour moi, le BDSM est ancré et notre sexualité va complètement dans cette direction-là.

Pratiques-tu le BDSM avec d’autres personnes que Matteo et Maîtresse Roxy ?

Je suis en couple avec Matteo donc nous avons une relation de domination-soumission 24/7. Avec Maîtresse Roxy, c’est un peu différent. Elle est ma partenaire de jeu, mais en dehors de nos performances ensemble où je suis sa soumise, nous n’avons pas de relation DS à distance. Et après, il peut m’arriver de jouer avec d’autres personnes en soirée, en tant que domina.

Pourquoi est-ce essentiel d’éduquer sur le BDSM ?

Dans toutes formes de relation, des abus peuvent se passer. Certaines personnes utilisent le BDSM justement pour abuser d’autres personnes, que ce soit physiquement ou mentalement. On n’en parle pas assez. Beaucoup de sujets se sont démocratisés aujourd’hui, comme la santé mentale, le viol conjugal ou encore la notion de consentement dans le couple vanille, mais dans les relations BDSM, ce n’est pas assez abordé. Donc, les novices peuvent être vulnérables quand ils arrivent dans ce monde qu’ils ne connaissent pas et qui peut présenter des risques.

Comment envisages-tu ton rôle dans tout ça ?

Mon rôle est d’essayer de protéger un maximum, d’éduquer au BDSM, de faire de la prévention et surtout et donner les clés, aux personnes qui entrent dans le milieu BDSM, pour déceler les profils toxiques. En faisant cela, j’évite par la suite de récupérer des personnes qui ont une image biaisée ou nocive du BDSM. Si à mon petit niveau, je peux réduire les dégâts, je le fais.

Vina Albertini dans sa baignoire.
Vina ne nous a pas menti au sujet des plateformes.
Sur les réseaux, on trouve de plus en plus de contenus éducatifs sur le BDSM mais aussi sur le sexe de manière plus générale. Qu’en penses-tu ?

Il y a à boire et à manger ! Le problème, c’est que les réseaux sociaux ne sont pas contrôlés étant donné que tout le monde peut y raconter n’importe quoi donc il y a autant de bonnes choses que de fausses images véhiculées sur le milieu. En particulier sur le BDSM, il faut se renseigner un maximum avant de pratiquer donc c’est une bonne chose que ce sujet se démocratise sur les réseaux sociaux mais il faut que ce soit bien fait.

Tu as donné récemment, lors de la Paris Fetish Week 2024, qui s’est déroulée fin octobre, un cours d’initiation au BDSM. C’était ton idée ?

Oui, je les avais d’abord contactés pour être ambassadrice de l’événement, en remplissant le formulaire. J’ai été acceptée, mais je voulais leur proposer autre chose dans le cadre de l’événement. Et j’ai tout de suite pensé à ce concept d’atelier éducatif, comme le rôle que j’ai finalement un peu sur les réseaux sociaux. Je voulais transposer ce rôle en réel. Ensuite, je voulais aussi mettre en scène l’atelier en me retrouvant la maîtresse d’une salle de classe avec des bureaux d’écolier et un tableau notamment. J’ai beaucoup aimé l’expérience.

Nous aussi. Tu avais déjà fait ce type d’ateliers avant ?

Je suis déjà intervenue dans des munchs. Le plus récent, c’était un Munch and Play organisé par Du bruit dans la cage, spécialement pour débutants, deux semaines avant la Paris Fetish Week. J’y ai co-animé un atelier de présentation du BDSM. J’aimerais désormais beaucoup intervenir à l’Ecole des Arts Sadiens.

Pour finir, puisque tu demandes parfois, en story Instagram, comment punir Matteo, je voulais te demander quelle était ta punition préférée ?

La fessée ! Mais Matteo, il faut le priver de son téléphone portable !

Vous pouvez retrouver Vina par ici :

https://www.instagram.com/vinaccessible/

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