La poupée sexuelle est aujourd’hui bien loin de son modèle gonflable évoquant vaguement un corps féminin. La love doll a la peau douce et est plus que jamais réaliste, sexy et même, intelligente ! Pour preuve, les évolutions de cette nouvelle compagne de vie suivent de près les évolutions, rapides et troublantes, en matière d’intelligence artificielle. Pour le meilleur ?
Poupées sexuelles : de quoi parle-t-on ?
Une poupée sexuelle, aussi appelée plus communément « sex doll », est un jouet sexuel imitant le corps humain, dans sa globalité ou partiellement, à taille humaine permettant diverses pratiques, telles que la masturbation ou la pénétration (orale, vaginale ou anale).
S’il existe des poupées à l’apparence masculine, la plupart représente en fait des corps féminins et est destinée à un public masculin. Ces poupées, de plus en plus réalistes, reprennent largement les standards de beauté actuels. En d’autres termes, des corps plutôt minces avec des formes généreuses au niveau de la poitrine et des fesses.
Depuis quand les poupées sexuelles existent-elles ?
Un article de Paris Match de 2014 (« Poupée gonflable du XXIe siècle : une vraie compagne ») nous apprend que les premières références à des poupées sexuelles remontent aux marins européens du XVIIe siècle. Ces derniers créaient en effet des poupées destinées à un usage sexuel à l’aide de vieux vêtements féminins. Ils les surnommaient ainsi leur « dame de voyage ». Celle-ci passait bien sûr entre les mains de tout l’équipage d’un navire…
Pourquoi cet usage ? Les femmes étaient non seulement interdites à bord de la plupart des bateaux mais une présence féminine avait également la mauvaise réputation de porter malheur. C’est pourquoi, les marins, confinés ensemble pendant de longues périodes, se soulageaient à l’aide de cette poupée sexuelle de fortune.
Il faudra attendre les années 1930-1940 pour voir naître une production industrielle et une commercialisation des poupées sexuelles. Le Japon et l’Allemagne sont des précurseurs en la matière et ont initialement développé de tels objets à destination des équipages des sous-mariniers, confinés dans un environnement masculin.
Dans les années 1970, la production se démocratise et ne touche plus seulement les sous-mariniers. L’usage change lui aussi à mesure que les poupées entrent dans l’intimité du domicile. D’ailleurs, le terme de « poupée gonflable« , qui renvoie à une structure en plastique sommaire, est remplacé par ceux de « sex doll« , « love doll« , « real doll« , ou encore « ai doll« .
Comment ont évolué les poupées sexuelles à travers le temps ?
Vers plus de réalisme
Les modèles des années 1930-1940 se concentraient plutôt sur une partie du corps. La partie pelvienne était alors privilégiée et pouvait disposer d’un ou de plusieurs orifices (vagin et/ou anus) permettant ainsi la pénétration. Des modèles pouvaient aussi représenter des bouches. La représentation du corps entier ou de visages était en revanche loin d’être systématique. La conception sommaire de ces modèles ne ressemblaient finalement que vaguement au corps féminin si ce n’est qu’avec leur vagin.
Ces premières poupées, dites « gonflables » étaient faites en vinyle, puis en latex, matières qui sont désormais réservées aux modèles bas de gamme. Avec l’apparition des sex dolls, les poupées sont devenues réalistes et pour y parvenir, un changement de matière s’est opéré dans la confection des poupées. C’est l’ère du silicone et avec lui, des poupées moulées, et non plus gonflées d’air.
Avec le silicone, la peau des poupées devient toute douce et les visages et les corps peuvent être moulés sur de vraies femmes. Ces poupées en silicone ont aussi généralement un squelette flexible articulé en métal, ce qui les rend plus lourdes que des poupées gonflables mais toutefois deux fois moins lourdes qu’une véritable personne. Il reste donc possible de déplacer sa poupée dans différentes positions sexuelles à souhait.
Depuis les années 2010, la majorité des poupées vendue dans le monde est en TPE (élastomères thermoplastiques), matériau moins cher que le silicone et offrant de meilleures facilités de moulage.
Quid des humanoïdes sexuels ?
Les poupées sexuelles, c’est bien, mais elles sont néanmoins un peu trop passives… Pour pallier ce reproche des utilisateurs, les entreprises de dolls pourraient bien introduire de plus en plus d’intelligence artificielle dans leurs poupées, et notamment pour leur donner la parole. Après tout, des androïdes existent déjà, en particulier au Japon, pour assurer des fonctions d’accueil alors pourquoi ne pas insérer les mêmes technologies dans des poupées sexuelles ?
En plus de se targuer de produire des poupées sexuelles en silicone ultra luxueuses comme de véritables merveilles artistiques, l’entreprise chinoise EXDOLL est assez avancée en matière d’IA. Elle propose en effet des poupées d’un réalisme fou, mais surtout capables d’avoir des conversations profondes avec son utilisateur.
L’entreprise ne destine pas seulement ses poupées aux personnes célibataires mais va aussi beaucoup plus loin en en faisant de véritables armes contre la solitude des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. Les poupées peuvent même aider ces derniers à réaliser certaines tâches ménagères, tel qu’allumer ou éteindre le lave-vaisselle. Dans ce contexte, les poupées sexuelles accomplissent en fait une réelle mission d’intérêt générale.
Mais, il ne faudrait pas non plus oublier le sexe ! La firme souhaite intégrer de plus en plus d’IA dans ses poupées comme des expressions faciales complexes. Le directeur du développement Qiao Wu disait, en 2018, que les premières poupées à intelligence artificielle pouvant constituer des compagnes parfaitement réalistes seront disponibles d’ici 10 ans. Plus que 4 ans à attendre finalement…
Mais, en utilise-t-on encore aujourd’hui ?
Une vraie culture de la poupée sexuelle existe depuis toujours au Japon. Des sociétés proposent même de faire fabriquer sa poupée à l’image de sa personnalité préférée. Le modèle Scarlett Johansson fait apparemment fureur… Dans le reste du monde, l’utilisation des poupées sexuelles est difficile à évaluer. Il n’existe pas vraiment de chiffres. Cependant, quelques indicateurs montrent un essor important des poupées sexuelles à travers le monde depuis l’arrivée des poupées sexuelles en TPE et de plus en plus réalistes.
En France, les boutiques de dolls affirment que les ventes sont au beau fixe. Les grands sites e-commerce qui proposent des dolls affirment quant à eux être régulièrement en rupture de stock. Une enquête du site américain de Vice rend les mêmes conclusions à propos des ventes de Cherry Doll de la boutique en ligne Cherry Banana, et ce d’autant plus depuis l’épidémie de Covid-19. On le comprend aisément. Il semblerait d’ailleurs aujourd’hui que les sex dolls soient de plus en plus considérées comme des partenaires de vie comme les autres. Avec leur technologisation constante, les relations sont à la fois sexuelles et émotionnelles.
Depuis la fin des années 2010, un autre phénomène a fait son apparition : les maisons closes de poupées sexuelles. C’est le cas du Lumidolls Sex Doll Club à Barcelone ouvert en 2017 ou du Cybrothel à Berlin créé en janvier 2022. A Paris, une tentative d’ouverture d’un lieu de ce type (X Dolls) a bien eu lieu début 2018 mais le lieu n’a pas tenu longtemps, notamment en raison de la pression des habitants du quartier du 14ème arrondissement…
Poupées sexuelles : comment se personnalisent-elles ?
En matière de poupées sexuelles, réalisme et personnalisation sont aujourd’hui poussés à leur paroxysme. C’est effectivement ce que nous pouvons voir sur le plus gros catalogue français de realdolls, spécialisé dans la poupée en silicone TPE. Et le moins que l’on puisse dire est que nous avons le choix ! Grosse poitrine, hanches généreuses, bouche sensuelle, silhouette svelte, peau bronzée… chacune a ses atouts qu’il est possible de personnaliser. Voici quelques exemples de personnalisation possible :
- La perruque avec la coupe et la couleur des cheveux ;
- La couleur des yeux ;
- La couleur de la peau ;
- Le type de bouche ;
- La fermeté des seins ;
- La taille et la couleur des aréoles ;
- La manucure ;
- Le type de vagin ;
- L’ajout ou non de poils pubiens et leur forme ;
- La présence ou non de traces de bronzage ;
- L’option corps chauffant ;
- L’option gémissement ;
- …
Le site propose aussi des modèles de robots sexuels dotées d’une intelligence artificielle leur permettant de parler, d’interagir avec l’utilisateur et d’adopter toutes les expressions du visage de l’être humain. Ces poupées sont ainsi capables de sourire, de gémir ou encore de bouger leurs lèvres. Une vraie petite amie ? La question est posée.
