Autant que la taille du pénis est taboue chez les hommes, les vulves souffrent de méconnaissance, de localisation hasardeuse et aussi malheureux soit-il, elles sont en proie à des diktats de beauté. Quand même l’anatomie intime féminine est touchée par des canons esthétiques faussés, il devient urgent de rendre gloire à toutes les vulves, quelles que soient leurs formes ou leurs couleurs. Pour ne plus qu’elles soient des sources d’inquiétudes, mais uniquement de plaisir.
La vulve, qu’est-ce que c’est ?
A en croire une vidéo TikTok devenue virale fin 2022 dans laquelle un jeune homme est convaincu que les femmes urinent par le vagin, il n’est pas inutile de rappeler ce que la vulve et… le vagin. Il semblerait en effet que l’appareil génital féminin soit encore assez méconnu.
Située juste sous le pubis, la vulve correspond en fait à l’ensemble des organes génitaux externes de la femme : les grandes et les petites lèvres, le méat urinaire, la partie externe du clitoris ainsi que l’orifice du vagin.
Quant au vagin, avec lequel la vulve est souvent confondue, il est le canal qui s’étend de l’utérus à la vulve. C’est la partie interne de l’appareil génital féminin, la cavité pelvienne, l’organe de la copulation. Une dernière précision : il se trouve, dans le vagin, l’autre partie du clitoris. D’où la croyance populaire et tenace selon laquelle il existerait un orgasme clitoridien et un orgasme vaginal. Or, il n’en est rien ! L’orgasme peut tout à fait venir d’une stimulation interne ou externe. Cela étant dit, c’est la partie externe du clitoris qui est, pour la grande majorité des femmes, à l’origine de l’orgasme.
Mais, l’ensemble de la vulve est sensible au plaisir sexuel dans la mesure où tous les organes qui la composent sont richement innervés et donc érogènes.
A quoi sert la vulve ?
La vulve a pour fonction principale une fonction sexuelle fortement liée au plaisir. Le clitoris est sans aucun doute l’organe le plus érectile du corps féminin. Mais, au-delà, c’est toute la vulve qui contient une grande quantité de récepteurs sensoriels.
Dans un article pour le Journal des Femmes de 2022 (« Vulve : définition, anatomie, schéma, maladies »), la gynécologue médical et obstétrique Brigitte Letombe, précisait que la vulve « est également le siège de diverses sécrétions. Celle associée à l’ovulation s’appelle la glaire cervicale ». Elle y poursuivait : « Lorsqu’il y a une diminution des sécrétions glandulaires, associée à une raréfaction de la vascularisation, il peut y avoir un assèchement des muqueuses de la vulve et du vagin. C’est pourquoi, chez les femmes en ménopause, avec une moins bonne imprégnation en oestrogènes, la vulve change, devient plus sèche, plus pâle ». D’où l’intérêt à ne pas hésiter à utiliser du lubrifiant pour plus de confort intime et ainsi éviter toutes sensations désagréables.
En plus de sa fonction sexuelle, la vulve sert aussi à la miction. C’est en effet grâce au méat urinaire, ce petit orifice externe de l’urètre, que l’urine est évacuée à l’extérieur du corps lors de cette fameuse miction.
Les vulves en question
Des inquiétudes, des polémiques…
Autant que la taille du pénis est taboue chez les hommes, il semblerait que les vulves soient une vraie source d’angoisse, d’insécurité, voire de gêne pour certaines lorsqu’elles se mettent à nues. Parmi les questions qui reviennent souvent, beaucoup se demandent si la taille de leurs petites lèvres n’est pas trop grande, si la couleur de leur vulve est normale, ou encore s’il n’est pas inhabituel que leurs lèvres – petites ou grandes – soient asymétriques. A ce sujet, l’asymétrie est souvent le cas donc pas d’inquiétude !
Il n’est pas nouveau que de nombreuses injonctions pèsent sur le corps des femmes, notamment toutes celles qui concernent le culte de la minceur, qui semble d’ailleurs revenir en force (bonjour Kim Kardashian). L’anatomie intime des femmes n’est pas épargnée. En témoigne la récente polémique autour de la vidéo de la candidate de téléréalité et influenceuse Maeva Ghennam qui a fait la promotion de la chirurgie de la vulve sur ses réseaux sociaux en disant avoir voulu « rajeunir » sa vulve pour correspondre à des soi-disant canons de beauté.
Sauf que ce genre de déclarations n’est jamais neutre et complexe de nombreuses femmes au sujet de leur propre vulve. Elles vont ainsi avoir tendance à se trouver non conforme à la norme. Mais quelle norme ? Elle n’existe pourtant pas.
Mais cette polémique n’est pas la seule en cause dans la création d’une norme intime. L’industrie pornographique n’est effectivement pas en reste puisqu’elle contribue à véhiculer une image de vulve parfaite. La chatte à la mode serait donc le modèle « Madame Barbie ». Rien que le nom doit d’ailleurs nous pousser à nous offusquer et à refuser toutes tentatives de catégorisation.
…et des vulves
Il existe bien autant de vulves qu’il y a de femmes. Grandes, petites, plates, rebondies… La forme est différente d’une femme à une autre, même le clitoris diffère. Mais, elles sont toutes uniques et belles. La couleur est également propre à chacune. La vulve peut être rose, rouge, marron, noire, ou avoir un peu de toutes ces couleurs sous forme de nuances. Preuve que la vulve parfaite est un parfait mythe. Tout comme celui de la vulve bien rose.
Il existerait toutefois différents grands types de vulves. Ces classifications tentent de les classer en fonction de leur forme. Il y aurait notamment celles aux grandes lèvres qui recouvrent les petites (le fameux modèle Barbie), celles aux lèvres internes exposées sur toute la longueur des lèvres externes, ou encore celles aux petites lèvres totalement visibles qui dépassent des grandes lèvres.
Ces tentatives de classification sont néanmoins un peu dangereuses. Pourquoi vouloir à tout prix catégoriser les vulves ? Car, il est tout à fait possible d’avoir une vulve qui ne ressemble à aucun « type » préétabli ou d’en avoir une qui mélange plusieurs types. D’autant plus que ce genre de classifications véhiculent (peut-être malgré elles) de faux standards de beauté.
Les vulves érigées en objets d’art
Loin d’être exhaustives ici, de nombreuses ressources existent pour découvrir et apprécier toutes les vulves. Pour définitivement déconstruire l’idée que toutes les vulves sont identiques et par la même occasion qu’il existe un standard de beauté unique.
Le compte Instagram @the.vulva.gallery est une véritable pépite en la matière. Il présente des dessins de multiples vulves pour montrer justement qu’il en existe autant de différentes que de femmes. Mais il démocratise surtout l’idée que la vulve parfaite n’existe pas.
Le livre « My Dear Vagina » de Laura Stromboni-Couzi, qui a également un compte Instagram du même nom, est également un incontournable. Paru chez Larousse en 2021, il est conçu à la manière d’un calendrier en réunissant des photos, mais aussi des images graphiques, des dessins, des peintures et des collages de 365 vulves. Ce format permet de découvrir et d’apprécier toutes les formes de vulves. A chaque jour, une nouvelle vulve.
Un dernier travail remarquable est absolument remarquable. Il s’agit de celui du sculpteur britannique Jamie McCartney, qui a décidé de réaliser 400 moules en plâtre de vulves de femmes de tous âges et de tous pays. Ce travail, qu’il a mené pendant 5 ans, a donné lieu à un mur de vulves lors de l’exposition. Il s’était d’ailleurs empressé de déclarer sur son site Internet : « Ce n’est pas vulgaire, c’est de la vulve ! Ce n’est pas créé pour faire sensation, c’est de l’art avec une conscience sociale ». Nous n’aurions pas pu mieux le dire.