Paris Fetish Week : 1ère édition

Dèmonia lançait la Paris Fetish Week, les 26, 27 et 28 octobre dernier, premier événement français dédié au fétichisme et au BDSM. Nous y étions. Voici les incontournables de cette première édition, où le shibari semble avoir été mis à l’honneur.

L’atelier sur le maniement du fouet

Fan d’Indiana Jones ? Saviez-vous qu’il existait des concours de lasso ? Appelés « whipcracking » ou fouet artistique, ils consistent à produire le meilleur claquement à travers l’art et la manière d’utiliser l’objet. Une autre discipline existe aussi : le « targeting« . Il s’agit cette fois de toucher des cibles avec un lasso dans le but de les découper.

En réunissant les deux, on obtient presque un atelier sur le maniement du fouet dans un contexte BDSM. Eh oui, l’idée est de produire un joli claquement et d’atteindre sa cible, tout en évitant bien sûr de la découper… A moins que ce ne soit votre kink, nous ne sommes pas là pour juger.

Mais quoi qu’il en soit, fouettez des fesses ne s’improvise pas ! Nous l’avons bien remarqué en essayant une première fois sans technique, nous avons manqué notre cible. Dommage. Les fesses de ce jeune homme étaient pourtant attrayantes. L’atelier nous apprend alors à tenir un fouet, à le manier et à toucher sa cible à coup sûr. De cette manière, il est même possible d’enchaîner les coups en faisant tournoyer le fouet en l’air. Un certain doigté est toutefois nécessaire. Il est clair que nous n’en sommes pas là.

Dèmonia insistait sur l’importance d’éduquer les participants lors de la Paris Fetish Week, pourquoi ne pas commencer par un bon coup de fouet ? Et un deuxième pour les indisciplinés !

Martinets et fouets.

L’atelier sur le « Facerope« 

Signifiant littéralement « corde faciale« , le « facerope » est une expérience sensorielle de bondage japonais sur le visage. En d’autres termes, du shibari du visage. Intriguant… Un pré-requis : la pratique du facerope suppose un grand lâcher prise et une confiance aveugle dans son partenaire de jeu et de nouage de cordes, en sachant que l’expérience peut se vivre seul ou en duo.

Tout comme le shibari, l’expérience est artistique. On peut même aller jusqu’à dire qu’elle constitue une manière un peu plus originale de se faire tirer le portrait. Et ce n’est pas Amaury Grisel qui dira le contraire. L’artiste plasticien érotique, comme il se définit lui-même, était présent lors de cette première édition de la Paris Fetish Week et y exposait ses oeuvres, parmi lesquelles on trouve des représentations de femmes attachées. D’ailleurs, l’artiste anime aussi des ateliers sur le facerope. Si vous voulez rencontrer l’artiste…

La performance de shibari de Mère Dragon

La performance commence dans un silence de plomb, presque solennel. Avec ses tatouages et sa crête blonde dans un style néo-punk, Mère Dragon est hypnotisante. Prête à être attachée, elle vient se placer dans l’arène, sous un dispositif en métal sous lequel pendent quelques mousquetons qui serviront à la surélever du sol.

Au tour de son partenaire masculin d’entrer en scène. Il a le visage fermé, une démarche assurée et l’air concentré. Un poil dominateur. Après avoir noué une première corde autour du corps de Mère Dragon, il enchaîne. Chaque corde, noeud, lien sont rigoureusement étudiés, sans quoi la pratique serait dangereuse. Les bras de la performeuse finissent par être attachés dans son dos, ses jambes sont pliées de manière à ce que ses mollets touchent l’arrière de ses cuisses. La position est acrobatique. Mère Dragon décolle ensuite progressivement du sol. Elle flotte désormais dans l’air. Nous comprenons plus que jamais que le shibari soit un art.

Le show n’est pas fini. Mère Dragon est aussi une artiste pyrotechnique et performeuse du feu ! Et visiblement, son partenaire aussi. Il allume désormais des bougies qu’il vient placer dans les liens formés par les cordes pour les faire tenir au-dessus du corps de Mère Dragon. Quelques gouttes de cire lui coulent sur le corps. Elle ne bronche pas, au contraire, son visage reste relativement inexpressif. Son partenaire s’empare alors d’une bougie, qu’il vient éteindre sur les fesses de Mère Dragon, sous un cri étouffé du public qui assiste à la performance. Chacune des bougies sera éteinte de cette manière et le public retiendra son souffle jusqu’à la fin de la performance.

Performance de shibari en live lors de la Paris Fetish Week.

La Masterclass « Needle Play » de Diane Killer

C’est l’atelier qui nous a fait le plus frémir. Et pour cause, ici, on joue avec des aiguilles. Véritable art sadien, le « needle play » consiste bien à piquer le corps à l’aide d’aiguilles en traversant la peau de manière à ce que l’aiguille reste bien en place. Dans ce contexte, l’aiguille est considérée tout à la fois comme un médium de douleur et de cérébralité. Précision et maîtrise sont évidemment requises, notamment pour des questions d’hygiène et de sécurité.

Et le needle play se décline à l’infini. Déjà parce qu’il peut se faire sur n’importe quelle partie du corps (dos, torse, parties génitales…) mais aussi parce qu’il peut être réalisé à visée artistique, et non exclusivement pour infliger de la douleur. De vraies oeuvres d’art peuvent résulter du needle play.

Qui d’autre pour donner cette Masterclass que la spécialiste des aiguilles en personne ? Nous parlons bien évidemment de la célèbre dominatrice et figure de proue du BDSM français, Diane Killer. Son expérience en la matière n’est clairement plus à prouver. Elle a même écrit un livre sur le sujet, intitulé « De Fil en Aiguilles : Dans les coulisses d’une dominatrice » paru en août 2023 aux Editions Broché.

Needle play sur le visage.

Le documentaire Bound

Décidément, cette première édition de la Paris Fetish Week fait la part belle au shibari. Outre les ateliers, masterclasses, performances et exposants/artisans présents sur le salon, un espace de projection était aussi prévu pour le documentaire Bound. Réalisé par Jean-Armand Bougrelle en 2021, le documentaire aborde la pratique du shibari faite par des femmes japonaises. Il montre déjà leur lutte pour la pratique de cet art japonais ancestral, communément associé à l’image d’un homme attachant une femme. Ici, c’est parfois une femme qui attache une femme, voire une femme qui attache un homme.

Le documentaire rappelle aussi que le shibari est bien plus qu’une question d’attache ou que du bondage. Les cordes sont en effet un outil pour créer de l’art, pour communiquer et pour s’exprimer. Le tout dans un contexte de prise de plaisir. Nous essayerons peut-être l’année prochaine.

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